Qu’est-ce qui t’a poussé à entreprendre ?

C’est par élimination que j’ai lancé ma première entreprise. À l’époque, en 1996, ce n’était pas du tout courant. On associait souvent les entrepreneurs aux gens qui construisaient des maisons. C’est en grande partie ma mauvaise expérience en tant que salarié et ma quête constante de liberté qui m’ont poussé vers l’entrepreneuriat.

Ma première entreprise, France Hypermédias, était une agence web créée aux débuts d’internet, à une époque où très peu de personnes connaissaient réellement ce nouveau média. Je faisais beaucoup d’évangélisation pour expliquer qu’internet était comme le Minitel, mais en couleurs. Nous réalisions des sites web et, à ce moment-là, j’étais pigiste pour un magazine d’électronique technique. J’avais écrit un livre technique, ce qui m’avait permis d’avoir quelques contacts dans ce domaine. J’ai proposé à ces contacts de mettre leur magazine en ligne, et c’est ainsi que tout a commencé. Nous avons ensuite collaboré avec d’autres magazines et médias, ce qui nous a permis de développer cette « agence web ».

À l’époque, il fallait tout faire, de l’hébergement à la conception des sites. Les aspects techniques étaient nombreux et nous n’avions pas les outils disponibles aujourd’hui. Notre entreprise se positionnait donc davantage comme un prestataire de services que comme un fournisseur de produits.

Qu’est-ce qui te motive au quotidien ?

Ce qui me motive aujourd’hui, c’est la transmission. J’aime accompagner les entrepreneurs pour les aider à s’améliorer, dépasser leurs croyances limitantes et leur fournir des conseils avisés pour faire les bons choix.

En les soutenant, je sens que l’expérience que j’ai acquise peut être utilisée de manière constructive pour créer encore plus de valeur pour tous.

Tu as écrit un livre intitulé “Entreprendre pour être libre”.
Quelle est ta définition de l’entrepreneuriat ?

Pour moi, l’entrepreneuriat se définit par l’action, la résilience et une certaine dose d’inconscience. Sans cette envie de tester et de prendre des risques, on ne passe jamais à l’action. La résilience est essentielle pour durer.

La liberté est également un aspect fondamental, mais il faut nuancer : en tant qu’entrepreneur, on n’est pas libre au sens où beaucoup l’entendent. En réalité, on crée sa propre prison. Choisir ses contraintes est une forme de liberté, mais l’action reste le véritable juge de paix pour un entrepreneur. Il est crucial d’être résilient, de ne pas trop se poser de questions pour rester dans l’action, d’où l’importance d’une certaine inconscience.

Enfin, il faut surtout se faire confiance et suivre son instinct.

Quel est l’échec ou l’expérience qui t’a le plus appris ?

J’ai connu de nombreux micro-échecs, mais pas un échec marquant en particulier.

Toutefois, une de mes plus grandes erreurs a été d’idéaliser le rôle du directeur commercial. En tant qu’ingénieur ou technicien, on peut penser qu’on n’est pas fait pour la vente et qu’embaucher un directeur commercial résoudra tous les problèmes. En réalité, le meilleur commercial de sa propre entreprise, notamment au début, c’est soi-même. J’ai cru qu’un directeur commercial allait magiquement régler tous mes problèmes, ce qui n’a pas été le cas.

Cette erreur m’a coûté beaucoup de temps et d’argent. J’ai finalement compris que c’était à moi de m’occuper de la vente et de structurer mon entreprise avant d’embaucher un directeur commercial, puis de l’accompagner.

Parachuter quelqu’un de l’extérieur avec ses propres certitudes ne fonctionne pas, et cela a été ma plus grande erreur.

L’immobilier, qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Pour moi, l’immobilier répondait au besoin de créer quelque chose de tangible. J’ai investi dans plusieurs projets, notamment en développant un hôtel dans les Pays Baltes, ainsi qu’en Roumanie et en Lettonie. Après des années passées à travailler sur des aspects techniques et des logiciels, j’avais besoin de concrétiser mes efforts. Aujourd’hui, l’immobilier représente surtout un projet de vie.

Je ne fais pas d’investissements immobiliers dans le sens traditionnel du terme. Mon domaine immobilier est avant tout un projet personnel. Beaucoup d’entrepreneurs tirent des revenus passifs de l’immobilier, mais cela ne m’a jamais attiré. Je trouve la gestion de biens fastidieuse et peu intéressante. Développer un hôtel avec un fort aspect opérationnel était stimulant, mais acheter, rénover et revendre des appartements ne m’a jamais intéressé.

Pour moi, l’immobilier n’est pas une source de revenus, mais plutôt une source de plaisir et d’émotion. J’apprécie particulièrement la nature ; mon domaine est entouré de forêts et de plans d’eau. C’est avant tout un choix de vie et une question de mode de vie.

Pourquoi avoir accepté de participer à l’émission QVEMA ?

Le sujet de l’entrepreneuriat m’intéresse énormément. J’ai toujours aimé expliquer, évangéliser et parler. Pour moi, il était important de montrer un aspect positif de l’entrepreneuriat en France, loin de l’opposition traditionnelle entre patrons et ouvriers. Pouvoir discuter de ces thèmes à la télévision était une opportunité incroyable, car c’est un sujet qui me tient à cœur. Ensuite, il y a l’attrait du média lui-même : faire de la télé est génial ! Je savais que j’allais m’amuser, vivre des expériences inédites, rencontrer des gens intéressants et faire des investissements improbables.

Cet aspect un peu « foufou » m’a vraiment séduit. Et cela s’est confirmé : je prends beaucoup de plaisir à tourner l’émission et à gérer ces sujets, ce qui me motive à continuer.

Quelle est l’ambiance sur le plateau ?

L’ambiance est très bonne. Nous nous entendons bien et commençons à bien nous connaître, tout en étant tous différents avec des visions variées de la vie. Cela peut parfois mener à des confrontations, mais toujours de manière bon enfant. Même si des tensions peuvent surgir sur le plateau, elles se dissipent rapidement une fois en coulisse, et l’ambiance redevient très cool.

Au fil du temps, nous apprenons à connaître les goûts et réactions de chacun, ce qui nous permet de jouer là-dessus. Cela crée une dynamique amusante, avec des petites piques et des moments de franche rigolade.

D’autres saisons de prévues ?

Oui, la cinquième saison sera tournée en septembre/octobre 2024. L’aventure continue !

Un coup de cœur pendant les émissions ?

Oui, Frédérique Douin avec ses éditions Douin durant la saison 2. C’était un moment fort de télévision et un gros coup de cœur pour moi. Il est venu présenter son projet de sauvegarde des livres anciens et de valorisation du patrimoine.

Au départ, ce n’était pas un sujet qui m’attirait particulièrement, mais sa personnalité et sa vision m’ont inspiré. J’ai décidé de l’accompagner, et cela fait maintenant plusieurs années que nous travaillons ensemble. Il a développé sa librairie et son entrepôt. Malgré un parcours semé d’embûches en raison de son cancer du cerveau, c’est une aventure humaine marquante.

Il est devenu un proche, vient souvent au domaine et a même célébré le Nouvel An avec nous. C’est une belle histoire.

Tu as une idée du nombre de personnes que tu as pu aider à monter leur business ou à le faire fructifier ?

Alors, j’ai investi directement dans une cinquantaine d’entreprises et après, j’ai dû aider, je dirais, à peu près 250 entrepreneurs.

Pourquoi avoir créé ce domaine ?

À l’époque où j’ai quitté mon poste de Président chez Ledger, j’ai ressenti le besoin de changer de vie et de me rapprocher de la nature. J’ai trouvé ce domaine en Sologne, avec une belle forêt, et j’ai décidé d’investir pour le rénover et le développer selon mes idées. Avec un domaine de 70 hectares, il y a beaucoup de travail d’entretien et cela nécessite une équipe sur place. Il fallait donc une activité pour financer tout cela.

Je savais que je ne voulais pas faire de la maison d’hôtes, mais créer un lieu dédié à l’entrepreneuriat m’a semblé évident. J’ai voulu organiser des séminaires, des master classes et des séjours pour entrepreneurs, pour les aider à développer leur business et adopter le bon état d’esprit. Une fois le domaine habitable, en octobre dernier, j’ai commencé à organiser des master classes de deux jours, accueillant une dizaine d’entrepreneurs à chaque fois.

Ces sessions sont très intenses et permettent de décortiquer les problématiques de chacun pour apporter de la valeur. C’est aussi une expérience immersive, avec des activités dans la forêt, offrant deux jours hors du temps pour faire le point sur son business. Cela fonctionne bien, donc je compte continuer. Cela me permet de rester chez moi, de justifier les investissements dans le domaine et de me consacrer à ce que j’aime : la transmission du savoir.

Cette activité donne aussi du sens à l’immobilier, car elle fait vivre le domaine.
À quoi bon avoir un si grand domaine avec de nombreuses installations si ce n’est pour le partager ?
C’est un réel plaisir que d’autres puissent en profiter.

As-tu toujours eu cette envie de transmettre ton savoir ?

Oui, j’ai toujours aimé expliquer. J’ai été parmi les premiers à m’intéresser au Bitcoin, ce qui m’a conduit à faire beaucoup d’évangélisation et de formation autour du Bitcoin et de la Blockchain.

Cela me plaît et correspond à mon besoin actuel d’avoir une faible charge mentale.

Qui es-tu vraiment ?

Je suis quelqu’un de plutôt discret, avec peu d’activités sociales, adepte de ce que j’appelle la Slow Life. Je vis à la campagne, dans ma forêt, et je mène une vie simple. Je n’ai plus d’activités opérationnelles intenses ; je me consacre surtout aux master classes, aux conférences, et cela me convient parfaitement. Quand je ne travaille pas, je profite de l’endroit en me promenant, par exemple.

Je n’ai pas vraiment de hobby à part m’occuper de mon domaine, ce qui m’occupe déjà beaucoup. J’ai toujours travaillé et je n’ai jamais eu le temps ou l’intérêt pour des loisirs. Aujourd’hui, j’ai plus de temps pour moi, mais je ressens toujours ce besoin de travailler car sans cela, je tournerais en rond. Mon objectif actuel est de ne pas accumuler trop de charge mentale, contrairement à ce que j’ai vécu tout au long de ma carrière.

Je fais donc des choix pour éviter de trop me remplir d’obligations. Mon quotidien se divise entre mon domaine, les activités qui y sont rattachées, et ma famille. Il n’y a pas de « lifestyle Eric Larchevêque » (rires). Être une personnalité publique ne me dérange pas, mais je suis bien dans ma forêt au quotidien. La charge mentale est souvent liée à la solitude de l’entrepreneur, et il est important de parler de cela pour éviter le burn-out.

Tu t’investis avec ton épouse dans un fonds de dotation pour des projets éducatifs. Qu’est-ce que représente l’éducation pour toi ?

Notre fonds de dotation se concentre sur les enfants et adolescents, pas encore étudiants. Nous investissons dans des projets qui développent la culture scientifique, notamment à travers notre projet le NEST (Nouvel Espace des Sciences et Technologies), qui initie les écoliers et collégiens à la science expérimentale. L’objectif est de créer des vocations chez des jeunes qui ne sont pas forcément issus de milieux favorisés. Ils découvrent la chimie, la physique, la gravité, l’espace, l’astronomie, et d’autres éléments scientifiques, ce qui peut leur donner envie de faire des études.

Nous voulons raviver la flamme des sciences pour susciter des vocations et faire en sorte que les jeunes de la région trouvent quelque chose qui les passionne. Le plus difficile pour eux est souvent de savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, et des ateliers de découverte peuvent leur ouvrir des horizons.

Nous finançons des camps de vacances autour des maths et des sciences, des rallyes mathématiques, et d’autres initiatives pour aider les jeunes à découvrir des métiers qui pourraient les intéresser, et pourquoi pas créer des vocations chez les filles comme chez les garçons.

Penses-tu qu’un jour le Bitcoin va se démocratiser ?

Tout dépend de ce que l’on entend par démocratisation. Il est certain que le Bitcoin ne deviendra pas un moyen de paiement pour acheter sa baguette de pain ou un appartement demain. Cependant, il représente une véritable alternative au système financier classique en tant que technologie monétaire et financière.

De la même manière qu’on peut protéger son épargne avec de l’immobilier ou des métaux précieux, le Bitcoin s’inscrit dans cette catégorie. Je pense que le Bitcoin s’est déjà démocratisé dans la mesure où de plus en plus de personnes en sont conscientes. Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ne le recommandent pas encore, car ils manquent d’éducation et de compréhension à ce sujet. Cependant, les nouvelles générations connaissent bien le Bitcoin et sont familiarisées avec les cryptomonnaies.

Cela finira par se répercuter sur les marchés financiers, et à terme, le Bitcoin deviendra de plus en plus courant.

Quels sont tes projets futurs ?

Continuer avec l’émission Qui Veut Être Mon Associé, ainsi qu’avec le développement de mon domaine. Je veux continuer à offrir des séjours et des masterclass autour de l’entrepreneuriat, en explorant différents formats.