Interview

L’interview

de Sophie Ferjani

Comment es-tu devenue architecte ?
Par vocation, par passion ou par hasard ?

Je suis devenue architecte d’intérieur par évidence. J’ai fait des études d’arts appliqués à l’école Olivier de Serres à Paris, et je suis diplômée en design d’espace. Mes années d’études m’ont permis de m’accomplir dans différents domaines : la scénographie, le design, l’architecture intérieure, la décoration, la communication. Au-delà de faire du « BEAU », ce qui m’a toujours plu est de trouver des solutions, de résoudre des problèmes, de comprendre les gens et leurs problématiques dans l’habitat, que ce soit pour un lieu professionnel accueillant du public ou pour de l’habitat particulier.

Comprendre, analyser, résoudre et faire plaisir : ce sont les piliers essentiels de mon métier et tout ce qui me passionne au quotidien, me donne de la joie. Trouver LA BONNE RÉPONSE et voir les yeux de mes clients s’embraser !

Qu’est-ce que les émissions TV ont changé dans ta vie ?

Passer à la télé est à double tranchant ; je n’ai jamais voulu faire de la télé, elle est venue à moi par hasard ; à force de travail et de communication, lorsque j’ai créé ma société, on m’a proposé de passer un casting pour une nouvelle émission : Maison à vendre. J’y suis allée, ça a collé avec Stéphane et toute l’équipe, et cela fait 16 ans que ça dure ! C’est un énorme challenge de faire réaliser des travaux d’envergure en un temps record pour chaque émission. C’est extrêmement formateur.

La contrepartie, c’est que cela m’enferme malheureusement aux yeux des gens dans une image qui n’est pas la réalité de mon métier. Je suis architecte d’intérieur, je crée des volumes et des espaces en réponse à des problématiques d’agencement et de circulation, je ne fais pas de home staging.

Ta pièce préférée à rénover ou à imaginer ?

La salle de bain, car c’est un excellent exercice qui nécessite tout particulièrement de mixer les contraintes techniques et les envies déco parfois très poussées des clients. C’est donc pour moi un bon résumé de notre métier : il faut savoir être très technique, et la technique doit être mise au service du confort pour que la salle de bain devienne une pièce de vie agréable. J’aime quand le résultat est une évidence pour mes clients, et que les aspects techniques se sont fait oublier.

Tes matières préférées à travailler ?

Aucune, tant que ce sont de vraies matières, qu’elles racontent une histoire et qu’elles servent l’âme du lieu dans lequel je travaille !

Ta pièce iconique en mobilier ?

Ma table Tulip Eero Saarinen éditée par Knoll. J’en ai rêvé pendant très longtemps avant de me l’offrir. Elle me sert à la fois de table de salle à manger et de bureau.

Tes conseils pour réussir une décoration même avec un petit budget ?

La décoration n’est pas une question de prix, mais d’authenticité. J’aborde chaque projet d’architecture ou de décoration en tenant compte du budget de mes clients, et mon travail est guidé par le plaisir et le respect du lieu autant que par la volonté de répondre aux contraintes de circulation. Tant qu’on trouve les bonnes idées, les bonnes couleurs, la bonne ambiance, l’interprétation se fera naturellement en matière de décoration.

En revanche, je suis intransigeante sur le vrai ! Vraies matières, vraies pièces de design… dans ma boutique par exemple, vous ne trouverez pas d’imitations. Soit, on a le budget nécessaire et on opte pour la vraie pièce, soit on trouve une alternative beaucoup moins onéreuse qui se mariera parfaitement à votre intérieur, à vos goûts et à vos besoins.

Ton plus grand challenge en tant qu’architecte ?

Mon plus grand défi est de réussir à tenir un projet dans son intégralité, en faisant en sorte que les clients ne dévient pas de la réponse que nous leur avons proposée.

On sait bien que « le dernier qui a parlé, a raison », et les clients s’en remettent parfois aux artisans qui travaillent sur leurs projets (et qui proposent des alternatives, parce que c’est ce qu’ils savent faire et que c’est plus rassurant pour eux). Nous devons donc faire des réunions avec nos clients et les différents corps de métier pour maintenir le projet tel qu’il a été initialement pensé. Nous assurons la cohérence d’ensemble du projet, la « vue de haut » et pas uniquement poste par poste.

Pourquoi avoir choisi Marseille pour l’ouverture de ton magasin ?

Depuis toujours, mon mari et moi avions la volonté de venir vivre au soleil, et Marseille était une évidence. C’est une ville où il reste tant de choses à faire ! Elle est vivante, créative, pas formatée. J’ai d’ailleurs lancé une collection textile de tee-shirts et sweats siglés « Marseille, je t’aime » en vente dans mon concept-store déco. Une déclaration d’amour à ma ville d’adoption !

Tes nouveaux projets à venir ?

Continuer de développer mon cabinet d’architecture intérieure et lancer ma marque. C’est un projet sur lequel je travaille depuis longtemps, et qui verra bientôt le jour !

 Tes tendances déco pour ce printemps 2024 ?

Cela fait des années qu’on le dit, mais c’est plus que jamais vrai, nous vivons dans une période complexe et très anxiogène. Dans ce contexte particulier, notre intérieur est un véritable refuge, un exutoire dans lequel on peut se permettre de refléter pleinement notre personnalité et nos envies de couleur.

J’aime penser ma maison, et par extension ma boutique, comme un grand cri d’optimisme, le pendant positif d’une vie extérieure parfois morose. On assiste donc à une véritable tendance du maximalisme en matière de déco. On ose l’accumulation, le dépareillé, le mix des couleurs, le tout sur un fond néorétro qui n’est pas près de se démoder ! Quant aux formes, elles sont tout en rondeur, rassurantes et non agressives.